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Noyau de nuit

[Danger d'empoisonnement]

6 Août 2015 , Rédigé par Narcipat Publié dans #Tueur à gags (2011)

     Serge, mon témoin, reprit le train le soir même des noces, mais Christiane, la sœur de lait, s’incrusta une semaine, qu’elle aurait volontiers, me parut-il, convertie en mois. Je ne m’y serais certes pas opposé, à condition de ne la voir qu’avec modération, car il me suffisait d’un quart d’heure de causette avec elle pour sentir la matière grise me couler de quatre orifices. Elle formait avec Liselotte un contraste étonnant, il ne sortait d’elle que les banalités les plus floues, et quand elle contait une histoire, on l’aurait attribuée à Beckett ou Ionesco, en plus naturel : c’était fini, on attendait encore, ou n’attendait plus rien, au bout de deux ou trois. Sa payse encore pouvait remettre les couleurs dans les anecdotes alsaciennes, mais Capucine et moi échangions des regards gris-ciment au-dessus des assiettes, n’en pensant pas moins. Comme Christiane, en outre, s’était mise aux fourneaux, et cuisinait comme pour elle, c’était à ne plus oser se peser. Je faisais, une bonne partie du jour, la navette entre la maison et notre ex-clapier, commençant le transfert de mes bouquins par les moins inutiles, et passant pas mal de temps à y tracer préalablement mon nom, en prévision d’une éventuelle séparation. J’entassais les cartons dans un coin de ma piaule, n’osant encore cochonner cet écrin avec mes vulgaires étagères de contreplaqué.

     J’ignore en quels termes mon épouse mit les points sur les i, mais alors qu’il n’en avait pas été question auparavant, le retour de Christiane vers les frimas s’avéra chose convenue le 4 février, au repas du soir, pour le lendemain à 6h51; et bien que la grosse, le pinard aidant, fît bon visage à mauvais jeu, il n’était pas difficile de deviner plus qu’un zeste d’amertume, qui me fut confirmée le 5 avant l’aube par une bouderie de la longueur du trajet, les commodes superstitions de Liselotte lui interdisant les adieux sur les quais. À la fin, en casant la pauvre commère désolée dans son coin de TGV, je n’y tins pas : « Vous savez, vous avez tort de me faire la gueule, j’y suis pour rien. – Oh, je sais bien! », mais elle n’ajouta pas un mot, pas même un merci,  pour m’être coltiné sa valise.

     « Vous désiriez qu’elle reste? – Pas spécialement, mais… – À haute dose on n’y tient pas. J’ai fait l’erreur de vous l’imposer, c’était à moi de la réparer. Vous connaissez Zweig, Hungeduld des Herzens? – Pas en allemand, non. – Beware of pity! – La pitié dangereuse? Bien sûr. – Un exemple à méditer. Quand vous n’êtes pas décidé à tout faire, à vous empoisonner la vie jusqu’au bout, il faut trancher dans le vif le plus tôt possible. Je ne me reproche que d’avoir tardé. – Voilà qui me rassure. – Pourquoi donc? Je ne com… Ah ah ah! Ne me dites pas que vous craignez de ma part la moindre pitié à votre égard! – Ses destinataires ne la reconnaissent jamais pour telle, vous savez. C’est la première leçon de ce bouquin, si j’ai bonne mémoire. Ils travestissent la pitié en amour ou en estime, et c’est heureux, car s’ils la repèrent, elle ne peut que les offusquer. – À moins qu’ils ne soient vraiment très très humbles. – You are right, as usual. [Nous avons joué quelque temps à nous renvoyer cette balle, avant d’en lasser Capucine et nous-mêmes.] J’ai eu tort. Je n’ignorais pourtant pas que Christiane, quand elle a accédé à une petite retraite, se serait très bien vue en dame de compagnie. – Dans La cantatrice chauve, encore… Mais dans la vie… – Page tournée. Au surplus, c’était l’obésité à court terme. – Et peut-être l’idiotie en prime. Voilà une semaine que je me demande si vous l’avez évoquée dans vos souvenirs d’enfance. – Comment voulez-vous? Je n’ai pas le talent de donner de la présence au néant. »

     Sympa, non, ce dialogue d’Übermenschen? Mais le châtiment ne traîna pas en chemin : le lendemain à deux heures du mat’, comme je remontais à l’étage après mes deux ristretti rituels, en me bourrant une pipe de thé (les émotions m’avaient ramené au tabac, puis, effrayé par les taxes toujours croissantes, j’avais incidemment découvert qu’à haute dose fumer du thé aiguisait ma vigilance, divisait la dépense par trois, et mes nuits par deux; quoique n’ayant plus guère besoin d’économiser le temps et l’argent, j’étais résolu à poursuivre l’expérience)… un son étouffé… une chute? Capucine!… Appliques a giorno. Merci, Seigneur! Une chute en effet; mais ce n’était que ma femme, étalée sur le ventre au bord du couloir.  Seulement voilà : pas un mouvement pour se relever. « Liselotte! Liselotte! » La porte de Capuce s’ouvre : elle! « Bouge pas, bouge pas! C’est peut-être un virus! Tu te sens bien? – Mais oui. – Appelle le SAMU! Le 15! Il faut une ambulance immédiatement! – Mais qu’est-ce qu’elle a? – J’en sais rien, moi! Elle a tourné de l’œil! Appelle tout de suite, bon Dieu! Liselotte! Liselotte! » Merde! Est-ce que j’allais devoir lui faire du bouche-à-bouche? Pas de pouls, naturellement… La carotide… Rien… Si! Duriuscule, caprisant… « Liselotte! Liselotte! » Je forçais un peu sur le filet de chagrin, n’étant pas bien certain qu’elle ne jouait pas la comédie pour tester mes sentiments… L’odeur pourtant ne trompait pas; et quand, la retournant, je vis le devant de sa robe de chambre plâtré de vomissure, de doute se dissipa, laissant place aux questions. 

     « Ils arrivent! – T’as bien donné le numéro? – Non, celui du pape! Arrête de me prendre pour une conne, à la fin! – C’est nerveux. Plutôt moi que je prends pour… Mais qu’est-ce qu’elle a pu bouffer, merde? C’est une intoxi… Elle s’est empoisonnée! – Mais pourquoi veux-tu? – J’ai pas dit exprès! Je t’ai dit de-pas-venir. Reste dans ta chambre! On sait pas ce que c’est! Ça peut être n’importe… le choléra! » La sonnerie de son portable m’épargna une riposte acerbe : ils vérifiaient. « Oui, Capucine Lefranc. J’habite chez Madame Liselotte Angelici, Vin-te-quatre Avenue des Hauts de Saint Sylve. En fait Madame Lefranc depuis une semaine. C’est pour elle que j’appelle. Elle est dans le cirage. Elle a gerbé. […] Tonton! Faut nettoyer le vomi! Qu’elle l’inhale pas! – Crie pas comme ça, je suis pas sourd! » Houp… Serviette de bain… Le lavabo avait reçu sa part… la baignoire… Bien dégoulinante, la serviette… Bah, ça vaut mieux qu’une chiasse… Tout de même curieux qu’ils nous demandent de supprimer les indices! Car le thé m’affûtant sans doute la cervelle, un rapprochement s’y opérait déjà : mariée depuis huit jours à un purotin… tu parles! L’affaire est claire! Inhaler le dégueulis… Est-ce qu’elle respirait encore, seulement? « Ils arrivent! – J’avais déjà l’info. Ils t’ont dit en combien? » Mais nous eûmes à peine le temps de récapituler notre incompréhension : pas pour rien qu’on avait déménagé dans un quartier rupin. Chez nous, avant, dans notre succursale du Maghreb, c’était la demi-heure minimum, et quand on se plaignait : « Nous n’avons pas d’hélicoptère. » Ici, même pas le temps de s’habiller. Sonnerie, gyrophare. « Je vais leur ouvrir, c’est ridicule. – Bon, mais passe très vite et sans respirer! »

     Les deux urgentistes, quoiqu’assez débraillés, donnaient confiance, par la sûreté des gestes et l’économie des paroles. Piqûre immédiate, massage cardiaque, ballon d’oxygène, en trois minutes ils avaient engouffré le brancard dans leur break. « Je peux vous accompagner? – Vous allez attraper la crève. – Ça ne fait rien. » J’avais juste enfilé deux kimonos l’un sur l’autre, pas vraiment la tenue polaire, et pour corser le grotesque j’avais aux pieds une paire d’énormes pantoufles chinoises représentant des chiens tristes. L’affaire de dix secondes, que d’en changer pendant qu’ils s’affairaient; mais elles faisaient innocent, et quelque chose me soufflait qu’il ne fallait rien négliger dans ce sens. « Elle va s’en tirer? – A priori oui : on a soutenu le cœur, elle respire, dans dix minutes elle aura son lavage d’estomac, si besoin est. C’est selon ce qu’elle a ingéré, et quand. – Pas la moindre idée : on a mangé – et bu – exactement les mêmes choses hier soir vers huit-neuf heures. C’était plutôt frugal, d’ailleurs. – Elle a pu se lever la nuit pour avaler quelque chose… se tromper de flacon… Un suicide?… – Impensable. Il n’y a pas le moindre motif. – Oh, ça, vous savez, on n’est pas dans la tête des autres, même les plus proches. Vous vous chauffez à quoi? – À l’électricité, pourquoi? – Elle a la figure un peu rouge, il me semble, ç’aurait pu être du CO… Pas de cheminée? Il suffirait qu’elle tire mal… – Non. – Des champignons? – Non. – Des fruits de mer? Des crustacés? Un poisson? – N-non… Un potage, de la charcuterie, un fruit… pour tous. Vous avez vu ma nièce, elle n’a rien. – Ça dépend des personnes. Enfin, on verra aux analyses. C’est pas le plus pressé. »

     Ce que je vis, en débarquant à l’hosto, c’est que sans un sol ni un papier je faisais innocent, entendu, mais peut-être un peu trop. Du coup, pour éviter que Capuce ne bravât le froid nocturne sur sa bécane, je ne trouvai mieux que d’appeler un taxi – et ne parvins pas à la dissuader de m’accompagner au retour. La chère enfant, pas de surprise, avait des préoccupations plus altruistes que les miennes, la survie de notre bienfaitrice y paraissait en première ligne, surtout s’il devait se révéler que gravement malade, et le sachant, elle n’en avait soufflé mot, et ne s’était soucié que du mal et du sort d’une autre. « Écoute, ce serait haut comme les nues, mais je ne crois pas. Ils semblent penser que c’est kekchose qu’elle a bouffé, bu ou respiré. – Mais on a bouffé, bu et respiré pareil! – C’est ce que je leur ai dit. – Y a que la tisane. » Liselotte prenait couramment, en effet, une infusion le soir, de verveine, de camomille, de tilleul ou de sauge “du jardin”, que Mme Prostate m’interdisait.  « Si la tisane avait dû l’envoyer à l’hosto, il y a longtemps que ce s… » Un silence. Un feu rouge. « Tonton, je sais à quoi tu penses. – Alors ça, je te paie des prunes. – Christiane était pas très  contente… – Là tu me scies.Quo non ascendet? Je vais finir par croire aux surdoués. – Parce que je pense comme toi? Tu t – Avec quarante-cinq ans de moins, nuance! »

     L’éloge était presque sincère; et comme je ne prétends à aucun insightsur la face cachée des gens, je n’excluais pas une Christiane endiablée par l’outrage, se levant la nuit pour saupoudrer la camomille de mort-aux-rats, moins pour satisfaire sa vindicte peut-être que pour exciter la suspicion de Liselotte à notre égard, et de la sorte se rendre elle-même nécessaire. Mais c’était vraiment très difficile à avaler, seule la proximité chronologique donnait corps à la conjecture, et, à la différence de ma nièce, j’avais en main l’outil pour en formuler une autre : cette clé de la cuisine, que je n’avais jamais restituée, je me sentais brusquement coupable d’avoir tu que mes ex-commanditaires me l’avaient donnée, qu’il leur était donc loisible d’en faire faire d’autres, donc d’entrer dans la baraque comme dans un moulin. J’écartai le risque qu’on ne mît à profit notre absence pour balluchonner : ces gens-là avaient disposé d’un bon mois. Mais il leur était facile d’empoisonner n’importe quelle denrée, en disposant désormais d’un parfait bouc émissaire : le marié! Le Dougal ou la Lafarge dont la culpabilité ne ferait aucun doute! Je ne voyais d’autre moyen de parer le coup que de déballer la vérité, que rien ne corroborerait, Liselotte s’en étant tenue à la menace et n’ayant pas déposé, à ma connaissance, de lettre chez son notaire : en tout cas, elle ne m’avait fait écrire aucune déposition. Je croyais déjà ouïr les sarcasmes dont le procureur et la partie civile, c’est-à-dire l’avocat des assassins, salueraient mes contes invraisemblables, et me voir, grand classique, condamné pour le mauvais crime, le bon restant impuni…

     C’est assez dire que je n’eus pas besoin de forcer sur l’allégresse lorsque l’interne de service nous annonça que les jours de ma femme n’étaient pas en danger, et ne l’avaient pas été une minute. Quant au sourire de Capucine, lui désintéressé, il faisait plaisir à voir. Du reste, moi qui me considère presque comme un spécialiste des pressentiments et pronostics erronés, il me sembla avoir cette fois battu mes propres records : non seulement il ne fut pas question d’analyse des vomissures, mais même l’incrimination des matières ingérées ne résista pas à notre témoignage : « On a lavé l’estomac à tout hasard, mais l’intoxe alimentaire n’est qu’une hypothèse entre vingt ou trente. Une simple syncope vagale, peut-être un peu longuette… Ça fait de l’effet, surtout si c’est la première à laquelle vous assistez, et l’intervention s’imposait, mais dans la plupart des cas, il n’y a pas de séquelles. Le vrai danger des régurgitations, c’est de les retrouver dans les poumons… – Mais il faut bien une cause… – Certes, certes. Et elle peut être grave, genre appendicite, par exemple, mais parfois il suffit de très peu, d’une simple émotion forte… Ça dépend des sujets… – Une émotion forte, en pleine nuit? Je ne vois pas… – La nuit n’endort pas l’émotion. Mais je ne vous dis pas que ce soit ça! On fera un check-up demain, mais la cause, vous savez, il se peut qu’on ne la trouve jamais… – Ce ne serait pas la meilleure manière d’empêcher que ça se reproduise? – Si, si… mais pas une raison pour trouver. Il n’y a pas d’indice de gravité, c’est l’essentiel. »

     Impossible de voir la malade : elle dormait. Une habitude à prendre… Nous retournâmes donc au logis, Capucine pleinement rassurée, et moi feignant de l’être. Elle se recoucha sans faire d’histoires, et, après avoir reniflé toutes les tisanes sans rien déceler de suspect, je saisis l’occasion d’inspecter la chambre de Liselotte, dont l’entrée n’était pas interdite, mais réglementée : que pouvait-elle y fabriquer lorsqu’elle s’y enfermait? Et que s’était-il passé cette nuit-là, comme par hasard à l’heure où j’avais coutume de me lever? Pas le moindre indice guidant vers une réponse à l’une ou l’autre question, lettre d’adieu, bouteille vide, provision de simples… car non, je n’avais pas oublié! Ni ma découverte du jardin, ni d’avoir cru défuncter dans la foulée de nos premières agapes… Des pistes qui ne menaient d’évidence nulle part. J’avais mon content d’enquiquinements potentiels ou actualisés : inutile d’en remettre.

     « Eh bien, ami, vous m’avez sauvé la vie pour la seconde fois… » Le sourire était un peu las, mais pas ironique : elle non plus apparemment ne nourrissait aucun soupçon à mon encontre, et je commençais à comprendre comment les empoisonneurs, qu’on aurait dû pincer, d’après les narrations, dès la première tentative, avaient pu se permettre d’aller jusqu’au bout, et souvent de récidiver. « Je crois bien que cette fois-là n’a pas plus de réalité que la première… mais que quelques précautions ne seraient pas superfétatoires. » J’effleurai le cas de Christiane, et confessai l’“oubli” de cette clef, mais sans convaincre : « Nous ferons changer les serrures si ça peut vous tranquilliser, mais j’ai déjà connu une alerte de ce genre. Ces quelques jours d’alimentation trop riche n’y sont probablement pas étrangers. – Vous saisissez bien qu’on touche au crime parfait. : il suffit de saupoudrer n’importe quel aliment et d’attendre. J’ai recommandé à Capucine de ne toucher à rien qui soit ouvert, mais on ne peut pas vivre sous une pareille menace. – Imaginaire! Mais je vois ce qui vous angoisse, surtout avec votre tendance à supposer que l’erreur judiciaire est la règle. – C’est un des paramètres, je ne vous le cache pas. Mais je souhaiterais aussi vous garder, et je pense surtout à la petite. » S’il fallait goûter tous ses mets… Encore ne formulais-je pas la crainte qui m’était venue au cours de mes méditations nocturnes : celle d’un enlèvement, dès lors qu’on lui saurait une marâtre friquée; et sans doute Capucine elle-même ne s’en taisait-elle pas…

     Elle se pointa à l’hosto à dix heures, en scooter, contrevenant au mot d’interdiction formelle que je lui avais griffonné. « Écoute, tonton, j’ai obéi à la moitié, j’ai rien mangé à la maison, j’ai pris un pain au choc’ en route. En plus, si c’est pour pas prendre froid… » Elle ressemblait à un phoque, en effet : au moins trois pulls sous son anorak, et deux jeans, comme elle eut soin de nous le faire observer, en retroussant celui du dessus. Quoique bien tenté de rigoler, je lui chantai pouilles, et la menaçai d’une confiscation. « Il y a des ados qui reçoivent quinze ordres par jour. Moi je t’en donne deux ou trois par an, quand je peux pas faire autrement, que je suis trop pressé pour expliquer ou discuter. Alors je te prie de me faire crédit et d’obtempérer, même quand tu penses que j’ai tort. – Deux ou trois par an! Eh bien, t’as épuisé ta dose cette nuit. » Liselotte : « Sois sérieuse. Tu ferais rire tout le monde si tu présentais Julien comme un tyran. – Mais je pouvais pas venir en taxi! – Et pourquoi non? Je ne veux pas t’inciter à dilapider, mais il faudra qu’on révise le montant de ton argent de poche : il y a de l’inflation ces temps-ci. » Moi : « Je n’aime pas l’idée d’une récompense pour n’en faire qu’à sa tête. – Bah, ami, sa tête est bien faite. Ce qu’elle ne mesure pas assez, c’est le chagrin qu’elle nous causerait s’il lui arrivait quelque chose. Mais à moins de l’emprisonner, on ne peut pas la protéger de tout. »

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