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Noyau de nuit

[Bidonnage délibéré… sur fond d’amour authentique?]

24 Juin 2016 , Rédigé par Narcipat Publié dans #Pour en finir avec l'amour (1997-2006)

    Dans La mort est mon berger, je prétendais porter sur les sectes un regard non prévenu, et ne suis parvenu qu'à en inventer une de plus, faiblement crédible; apprendre pour mon compte et au lecteur à mourir, donc à vivre, percer le mystère de l'ego, objectif un tttit peu ambitieux, point explicite évidemment, on n'oserait… Et j'aurai beau ironiser, Hélène est la seule à m'avoir reproché de ne pas l'atteindre :  Attention, je ne nie pas qu’on sorte du bouquin moins con, qu’il y ait matière a prendre de la distance d’avec des opinions toutes faites, voire même qu’on garde quelqu’espoir bien placé parce que Buu et Torpidon laissent assez d’espace, mais j’attends au moins les Frères Karamazov, et il me semble que le bouquin passe a côté de son sujet. Soit, tu voulais délibérément nier cette possibilité-là de transcendance mais au final c’est quand même, fût-il éludé, le coeur du bouquin : "J'attends au moins Les frères Karamazov"! Ça date du 18, fleure la conciliation et la réconciliation… Mais elle restait ferme là-dessus : une intrigue bien ficelée (c'est le cas pour La mort) ne l'intéressait pas, une lecture de divertissement lui semblait vaine. Dire qu'elle persistait à espérer des solutions d'un Maître, c'est trop lui prêter : elle ne guettait que l'écho des siennes. et n'avait mordu à la "dissolution de l'ego" que pour s'être cru proche de l'expérimenter elle-même. D'ailleurs je me suis grandement nui en proclamant, pour m'en servir de piédestal, que ces romans étaient commerciaux. Néanmoins, chaque fois que j'aborde un livre qui s'abandonne à la complexité de la sensation au lieu de s'évertuer à y mettre de l'ordre en tranchant et tiraillant, qui néglige logique et histoire pour chercher un accord avec la terre, le ciel, et le plus intime de soi, je ne puis me défendre de penser qu'elle aimerait sans ombre de frime ce qui m'est le plus hermétique; que, si vagissante et vasouillarde qu'elle soit restée, elle est d'une essence supérieure, et que la "cour des grands", c'est la sienne : la cour de ceux qui ne s'occupent pas des cours.

    Mardi 15 janvier,  2h03  Dimanche, c'etait du moins la verite des larmes, et quelque chose qui montait de la douleur, puis tu n'as pas repondu d'ailleurs il ne fallait pas forcement, et je me suis fait violence en contrant cet élan du coeur dont j'ai l'impression que c'est ce qui te touche le moins en moi, assimilé a mon silence creux, a mes années perdues - perdues pour quoi? pas pour moi et je n'ai pas souffert a moitie meme si c'etait  un manque de courage - mais seule contre tous, seule, ou aller sinon devant la mer, en attendant... En attendant le jour ou, tu connais la suite, le train bleu et celle qui ne viendra jamais, mais quand meme je ne pouvais pas vivre malgre, vivre en depit, et se murer c'etait encore la seule facon de me conserver vivante. Je ne sais pas, moi, ou ailleurs que dans les larmes ou le bonheur je suis moi, je me fais taire sans cesse, et la vie m'aide, et je l'aide a m'aider. Et c'est pour ca que la poesie et ces quelques pages de Camus, a peine un centieme de Noces, ou il est question de cet état que le soleil, la mer, une qualité du pays, donnent a éprouver. Et c'est la que je me suis trouvée, la que je me retrouve, dans cette conscience de soi, cette intelligence avec le monde devant laquelle on ne peut que s'incliner.

    Mais il me semble que tu es la, a palper l'etoffe de cet indicible pour voir de quoi il est fait

    Mais de rien.

    C'est ma seule vérite, que je ne peux pas expliquer.

    Juste la vivre avec toi.

    Devant d'autres j'ai pleuré de cette douleur dont le lit n'est jamais a sec, j'ai pleuré de ces gestes faux du désir, puis sur moi et tous ceux la qui en sont souillés et pourquoi la roue se remet-elle en marche elle tourne et ce n'était que ca, et c'était tout ca, et cette plaie la est toujours a vif.

    Mais mes larmes devant la mer, larmes de bonheur, larmes de naissance, c'est que c'était si bon , d'etre dans ce flot la a deux, dans cette confiance, et on pleure parce qu'il n'y a plus rien a dire, tellement tout est la, preuve que les mots sont si peu de choses.

    Puis dimanche j'ai pleuré parce que pourquoi apres fallait-il se prouver quelque chose en frayant sa route au désir dans l'ivresse, pourquoi oui avoir sali quelque chose et c'est parti de la et ca continue et je souffre, oui, que tu ais besoin d'aller mener ta Zoé pour "etre sur"

    Je souffre de t'avoir donné ce role la, de m'etre donne celui-ci, sans aventure possible. [Ici, ma mauvaise note en abandon, déjà citée]

    A Avignon, mon désir était la, mais il n'était pas mur, et trouble, car il ne savait a qui il s'adresait.

    Mais apres nous etre ainsi rencontrés, comme j'aurais aimé que nous fassions l'amour dans cette meme lucidité partagée, dans cette meme confiance. Ou que nous ne le fassions pas, si les gestes d'eux meme n'etaient pas justes.

    Mais pourquoi soudain cette defiance, pourquoi cette peur ?

    Et dimanche je pleure et lundi je pense que tu me jauges, et me juges fleur molle et creuse a m'écouter pleurer.

    Car tu es douche froide aussi. Un coup je suis insipide et tu es décu, celui d'apres je suis -objectivement -exceptionnelle. Un coup je te rends heureux, celui d'apres je t'embarque sur les galeres. Un coup l'angoisse est abolie, celui d'apres tu retournes t'agiter et te meurtrir.

    Peut-etre, apres tout, avons nous vécu, vivons nous la meme chose.

    Le cri du muezzin résonne dans le vide, et j'aimerais courir vers toi. Tu me manques.

    Réponse à 3h35 :

    Pourquoi, pourquoi est-ce un combat? Est-ce que tu ne vois pas que je suis complètement désarmé? Est-ce que tu ne peux pas comprendre que tu as des choses, LA chose, à m’apprendre, que je ne me COMPLAIS pas dans l’analyse cynique, dans la lucidité étriquée, dans cette méfiance dont tu as contribué à restaurer les remparts, après les avoir partiellement démantelés? N’oublie pas ce que dissimulaient les rares fois où tu m’aies dit “je t’aime”, et l’indulgence rieuse avec laquelle tu t’en absolvais dans ce troquet avignonnais! Que la volonté de réduire l’amour relève d’abord de l’autoprotection, et constitue peut-être ce “péché contre l’esprit”, le seul qui soit impardonnable selon les théologiens, ce qui ne me ferait pas un bouton si je n’avais senti palpablement, lors de ma N.D.E. [1], que je ferais partie pour cela du nombre infime des damnés? Bien sûr, je n’y “crois pas”, je m’efforce de boucher tout passage à cette lave de lie, à rigoler, à disséquer, ou je hurlerais à plein temps dans un cabanon… Que tu me jettes signifie aussi cela, tu étais de ce côté-ci de la terre ma seule voie d’accès à une transcendance vraie, que tu m’abandonnes une deuxième fois (et cela se sentait venir, aussi bien dans cette déclaration solennelle – ce sera un autre, même s’il n’y a personne – à l’issue de deux jours où je m’étais cru enfin, si simplement, rédimé, que dans ces mails fuyants, cossards, prolongeant quatre jours d’attente) c’était infiniment pire qu’un retour au néant, la punition injuste d’une culpabilité-souillure, décrétée avant toute faute. Comment réagir, sinon en refusant de toutes mes forces cette Weltanschauung absurde, en multipliant les provocations pour casser les parois du cercueil, en essayant de me convaincre que tout ça n’est que lubie, illusion, autosuggestion, qu’il suffit d’investir une Zoé du rôle qui t’est donné, et que tu refuses, elle qui peut-être, redoublement d’angoisse, vit un trip symétrique, et pour qui JE serais le sauveur? De l’amour, je ne connais que l’intensité, intensité de souffrance presque toujours, de l’amour il n’y a dans La mort que l’intensité suggérée, rappelée : Buû, comme Torpidon, est un mort-vivant, et “léger” me paraît… léger. J’avais avancé alors dans la dissolution de l’ego, et me croyais beaucoup plus avancé encore une minute avant ton appel : il n’en est RIEN resté, c’était le barrage contre le Pacifique, et La mort m’apparaît comme une honnête chronique-par-avance de cet espoir impossible : moi du moins, je ne puis rien dans la solitude, ou dans le partage sans élection. Tu m’as donné la vie il y a dix ans, tu me l’as reprise, j’ai eu huit ans pour le comprendre, mais je n’ACCEPTE pas cette compréhension, à plus forte raison ne songerais-je pas à t’enfermer dans quelque devoir de me sauver… Mais je garde, chevillée au corps, sous des tonnes de terreau infertile, la foi en une réciprocité, la certitude de pouvoir t’aider, en corrigeant ta thèse, à autre chose qu’à corriger ta thèse… moi indigne, le désir de dévaser cette source, de souffler sur cette étincelle, de garder un œil sur la boussole…

 

 

[1] Inventée  en  son  honneur. Mais avec  le temps, à force de  la  raconter, je me suis presque mis à y croire, et que je serai "puni" pour cette invention même.

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